Construire l’habitat des 50 prochaines années

L’opération idéale, l’opération de rêve de logement santé… quelle serait-elle ?

Il y a un aspect de la notion de logement santé que l’on souhaite particulièrement développer, vraiment de manière très forte, un besoin qui est apparu de manière très forte, lorsqu’on a eu nos premiers échanges avec des médecins sur des pathologies qui se développent aujourd’hui dans l’habitat et qu’on ne traite pas suffisamment.

Parmi ces pathologies, il y a les allergies… Revenons à notre opération de Chécy où l’air extérieur est très sympa du fait de l’environnement naturel privilégié mais il est tellement sain qu’il y a une flore exubérante et des pollens. Donc il faut un traitement de l’air efficace, filtrer l’air qui va venir dans le logement parce qu’il est trop naturel, trop pur. On a donc installé des systèmes de filtre dans notre bâtiment… Il y a bien les deux aspects à prendre en compte : purifier l’air ambiant mais aussi filtrer l’air extérieur.

Ensuite, il y a tout ce qui relève du confort d’été avec le réchauffement climatique. Les logements que nous concevons aujourd’hui – quand je dis « nous », c’est le bâtiment en général – , ce sont des logements qui correspondent à des normes, des normes qui ont poussé depuis la crise pétrolière de 1973, et qui sont surtout axées sur les économies d’énergie pendant l’hiver. Or, désormais, il faut aussi mettre nos bâtiments et les habitants à l’abri pendant la période d’été. C’est aujourd’hui au moins aussi important que les économies en période d’hiver.

La réglementation thermique 2012 va déjà très loin en matière d’économies en période d’hiver. Un bâtiment RT 2012 consomme en moyenne quatre fois moins que le bâtiment français classique. Alors, certes, on peut encore aller plus loin, on peut faire du bâtiment passif, on peut faire du bâtiment positif, mais les choses sont déjà bien sous maîtrise. Par contre, ces bâtiments que l’on voit fleurir encore aujourd’hui dans les villes ne sont pas conçus pour le confort d’été ou, en tout cas, le sont très insuffisamment. Il faut travailler ce concept-là. Il est anormal d’avoir des bâtiments neufs aujourd’hui qui deviennent des étuves lorsqu’arrivent les canicules, dont les ardoises chauffent et deviennent de véritables planchas. L’impact sanitaire est alors colossal.

Il faut travailler ces points-là, retravailler la question des ventilations de comble, le bioclimatique, le positionnement des ensembles immobiliers, les écrans végétaux, les casquettes au-dessus des balcons et des baies vitrées pour éviter que le soleil d’été transperce ses vitres à certaines périodes, En fait, il faut remettre du bon sens un petit peu à l’ancienne dans ces constructions neuves. Ça va probablement à l’encontre de certains principes urbanistiques parce qu’on ne peut pas non plus bouger un bâtiment comme on le souhaite dans la ville mais, pourtant, ça correspond à des vrais enjeux sanitaires de demain et donc notre souhait, si on parle d’expérimentation, c’est de pouvoir trouver du foncier et des opérations pour produire des bâtiments complètement bioclimatiques et résilients au réchauffement des 10, 20 et 30 prochaines années. C’est aujourd’hui inconcevable de constater que nous souscrivons des prêts sur 50 ans et que nous n’intégrons pas cette question de réchauffement climatique, sur les 50 prochaines années.

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