L’impact du logement sur la santé

Si je vous dis « Logement Santé », qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit?

La question du logement ou le problème du logement, ce n’est pas seulement une question de logement ou un problème de logement. Nous voyons bien à la Fondation Abbé Pierre que de mauvaises conditions de logement – voir l’absence de logement – a un impact très fort sur plusieurs domaines, tels que la scolarisation des enfants, l’emploi et la santé.
Or, la santé est au cœur du combat que nous menons. En effet, nous avons pu mesurer à quel point un logement mal isolé, un logement qui est humide, un logement qui menace de voir une partie de son plafond s’effondrer ou avec une électricité défaillante, peut avoir un impact très très dur, très violent, sur la santé de ses occupants. Donc, quand on se préoccupe de bonnes conditions de logement, quand on souhaite améliorer les conditions de logement de nos concitoyens les plus fragiles, on se préoccupe aussi de la question de leur santé.
Il y a certains liens qui sont très établis, déjà, depuis longtemps… je pense au saturnisme, par exemple.
Les peintures au plomb qui s’écaillent et qui produisent des effets très durs, notamment sur les enfants, avec parfois des conséquences irrémédiables.
Il y en a d’autres qui sont moins visibles… On a dû mener, il y a quelques années, une étude à la Fondation Abbé Pierre, pour comparer deux groupes : un groupe qui souffrait de précarité énergétique – donc des mauvaises conditions de logement, d’incapacité de se chauffer convenablement – et un groupe, à peu près similaire mais qui n’est pas en précarité énergétique. La sentence a été très claire, c’est-à-dire qu’il y a vraiment une augmentation des maladies respiratoires, des maladies infectieuses chez le groupe en précarité énergétique.
Voilà, nous avons des éléments qui sont bien établis, d’autres qui le sont moins – et c’est pour ça que notre combat à nous, la Fondation Abbé Pierre, il est vraiment centré sur les conditions de logement, lesquelles vont améliorer d’autres conditions…

Comment procédez-vous, dans le cadre de vos études, pour évaluer l’impact de ces mauvaises conditions de logement sur la santé ?

On part de témoignages. Quand on aide des personnes mal logées, quand on mène des travaux d’études – pour la préparation de notre rapport annuel sur l’état du mal logement en France par exemple et dans lequel on a déjà abordé cette question de logement et de santé -, on a des éléments qui nous sautent à la figure. Il y a aussi des témoignages de médecins qui disent que, quand un enfant a des rhinites à répétition, de l’asthme et donc des alertes, c’est parce que le logement est trop humide… Quand on voit comment certains s’entassent dans une petite pièce, parce que c’est la seule qu’ils peuvent chauffer, avec un poêle d’appoint, alors qu’ils sont dans une maison en milieu rural, très isolé, on voit bien les répercussions que cela peut avoir.
La santé psychique aussi… On a pu identifier dans les témoignages les signes de formes d’isolement social avec des personnes qui ont honte de montrer dans quelles conditions elles vivent, et ça aussi ça a un impact sur la santé….
Nous recueillons des témoignages auprès de personnes qui nous alertent ou de personnes vers lesquelles on va pour essayer de leur apporter une aide, du réconfort, une meilleure solution de logement.
On s’inspire aussi d’autres travaux d’étude qu’on peut mener ou lire. Les anglo-saxons ont déjà beaucoup travaillé sur la question, beaucoup plus que nous. Mais parfois, on fait des études comme celle-ci, que nous avons fait sur « L’impact sur la santé de la précarité énergétique », histoire d’alerter aussi, en consolidant avec des travaux de chercheurs…
Il y a bien un lien de cause à effet. Ce qui justifie encore plus – pas seulement, mais encore plus -, la nécessité d’apporter de bonnes conditions de logement.

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