Les atouts du monde HLM

Marianne Louis, directrice générale de l’Union Sociale pour l’Habitat, convoque l’histoire et les valeurs du monde HLM pour démontrer le rôle que peuvent et doivent tenir les bailleurs dans la promotion du Logement Santé. 

L’idée selon laquelle Logement et Santé sont indissociables, et que le Logement est même un des principaux déterminants de Santé, n’est pas une idée neuve. Elle est présente dès l’origine du logement social, puis dans le modèle français de logement social. 

Pour les ménages modestes, ceux à qui s’adressent en priorité le parc social, le fait d’avoir un HLM, c’est déjà naturellement un facteur d’amélioration de leurs conditions sanitaires. Cela ne règle pas tout, mais c’est un facteur d’amélioration sanitaire… Dans les statistiques, nous voyons la différence : on prend deux catégories de revenus, on regarde s’ils logent dans le parc social ou dans le parc privé et, là-dessus, il n’y a aucun doute 

Pourquoi est-ce qu’on construit du logement social ? Pourquoi est-ce qu’on en a construit beaucoup Après-guerre ? Pour sortir les gens des taudis. Le logement social est né du mouvement hygiéniste. C’est un fondement historique du logement social, et on a construit du logement social pour lutter contre la tuberculose, l’alcoolisme et tout ce que vous voulez… Le logement social s’est développé autour de préoccupations liées à l’hygiène. Les cités-jardins, c’était ça aussi, redonner un espace naturel, 

Ce qui est nouveau, c’est de dire qu’on avait, peut-être, oublié cette partie de l’histoire du logement social, et d’y revenir. On en refait un axe culturel et on modernise évidemment. Autrefois, l’approche était massive, collective, à l’échelle de la société et les gens n’avaient pas le choix : le matin, les enfants sortaient et on leur donnait un verre de lait sans leur demander leur avis. Aujourd’hui, la nouveauté consiste à partir de l’individu et de ne plus dire « la société considère que cette catégorie d’individus a besoin d’elle ». C’est l’individualisation de la démarche qui est nouvelle, me semble-t-il. Ce n’est pas révolutionnaire, mais c’est un petit peu en rupture par rapport à l’approche hygiéniste. 

La question de la légitimité des bailleurs sociaux à se préoccuper de santé réglée par l’histoire et les valeurs, de quels atouts dispose effectivement le monde HLM pour développer et déployer le Logement Santé ?  

Les bailleurs ont une caractéristique très forte – que l’on l’a vu à l’œuvre, d’ailleurs, pendant le premier confinement -, un peu conspuée au motif que cela coûte très cher et que les frais de gestion des bailleurs sont élevés (ce qui reste à démontrer) :  sur leurs 80000 salariés du secteur, 47 000 passent cent pour cent de leur temps en contact du public. Parmi ces 47000 salariés, il y a 30 000 gardiens qui ont développé une capacité unique à assurer un lien de proximité. 

Très clairement, ces personnels de proximité ont une capacité à accompagner un déploiement de services, de même que les gardiens d’immeubles peuvent en période estivale aller taper aux portes des personnes âgées pour vérifier que tout va bien et leur rappeler qu’ils doivent boire. Face au Covid, on s’est beaucoup appuyé sur les dispositifs de canicule, à travers lesquels le personnel de proximité est mobilisé. Dans des périodes plus complexes, ils peuvent aussi inciter les personnes âgées à ne pas perdre le contact avec leurs médecins, à faire une téléconsultation – et leur montrer techniquement comment on fait une téléconsultation. Cela peut marcher s’il y a une relation de confiance entre les personnels et les locataires.  

Cette idée d’amener le service jusqu’aux locataires, et notamment les locataires qui n’y auraient pas accès naturellement – non pas parce qu’ils n’y ont pas le droit, mais parce qu’ils n’ont pas le savoir-faire ou la culture -, participe du service rendu aux locataires. Je pense qu’il n’y a pas d’ambiguïté sur le fait que ce sont des initiatives qu’il faut développer, pour montrer la différence entre le secteur du logement social et les autres secteurs, la force de notre réseau de proximité et notre capacité à faire. 

Comment faire ? Jusqu’où peuvent et – peut-être – doivent aller les bailleurs sociaux ? Avec qui ?

La première question, c’est : est-ce qu’ils vont sur l’offre de service en direct ou est-ce qu’ils y vont en partenariat avec une structure spécifique ? La deuxième question, c’est jusqu’où sont-ils en capacité de développer les compétences indispensables à l’offre de service ? Et, finalement, il convient de se demander : jusqu’où peuvent et doivent aller les bailleurs ? Cela dépend de leur stratégie, et je crois que ça doit dépendre aussi des offres de services qui existent sur un territoire – est-ce que ce territoire a besoin, ou non, d’une offre complémentaire – et de quel ordre ? 

Il y a quelque chose en France qui s’exprime notamment à travers le logement social et qui s’appelle le Pacte républicain : nous ne sommes pas une société composée d’individus isolés. La France est composée d’individus qui essayent d’avancer ensemble, sur certains sujets. On voit bien que les questions de solidarité figurent encore parmi les sujets sur lesquels la France essaye d’avancer,  

Toutes ces questions participent du modèle HLM parce qu’elles participent du modèle français. Nous, le secteur HLM, sommes aussi là pour montrer que ça marche, et que ça peut même marcher mieux encore si on s’en donne les moyens. Il faut aller vers l’individu, il faut utiliser notre proximité pour engager une approche un peu globale. 

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